- CAPITAUX FÉBRILES
- CAPITAUX FÉBRILESCAPITAUX FÉBRILESLes capitaux spéculatifs qui font l’objet de mouvements de fonds rapides d’un pays à un autre, et donc d’une devise à l’autre, sont dits «fébriles»: ils sont prêts à se placer à court terme à la recherche soit d’une meilleure rémunération (écart entre les taux d’intérêt sur les diverses devises), soit d’une spéculation sur le changement de parité. L’expression «capitaux fébriles», qui désigne donc la masse des capitaux disponibles prêts à se déplacer dans le cadre international, est la traduction de l’expression anglaise hot money , parfois traduite également par l’expression moins imagée de «capitaux flottants».Ces mouvements de capitaux prennent des formes variées, surtout à partir du moment où des restrictions de change tentent de les contrarier. Au procédé que l’on pourrait qualifier de normal, le virement bancaire, s’ajoutent alors tous les supports possibles officiels, officieux ou clandestins: mouvements de billets dans le cadre des limites permises pour le tourisme ou par fraude, mouvements de titres et même transferts par l’intermédiaire d’une valeur matérielle, etc. Le «termaillage» (traduction officielle de leads and lags : avances et retards), décalage chronologique des paiements extérieurs ou du rapatriement de devises, bien que temporaire et réversible, peut être assimilé à un véritable mouvement de capitaux dès lors qu’il est entrepris dans un but de spéculation et revient à détenir une devise, en tant que bien, pendant une certaine période. Le marché dit des eurodevises, qui échappe au contrôle des autorités monétaires nationales, constitue l’auxiliaire principal de ces mouvements de capitaux à court terme. L’existence de ce marché des euromonnaies explique assez aisément le développement des mouvements de capitaux fébriles, étant donné les facilités de conversion en différentes monnaies pour les opérateurs, mouvements eux-mêmes provoqués par le dérèglement du système monétaire international. Inversement, les euromarchés se sont largement développés grâce à l’apport de capitaux à des fins spéculatives.Les capitaux fébriles constituent un danger pour les États et pour les politiques économiques et monétaires gouvernementales, du fait de la masse qu’ils représentent, et par leur double effet: un effet sur l’équilibre de la balance des paiements et un effet sur la liquidité de l’économie. Sur la balance des paiements: loin de confirmer la théorie économique du retour automatique à l’équilibre, les mouvements de capitaux fébriles contribuent au contraire à accentuer les déséquilibres. Sur la liquidité de l’économie: une entrée de capitaux entraîne une création monétaire, une sortie provoque le phénomène inverse, l’intervention des autorités monétaires nationales est alors nécessaire pour régulariser la masse monétaire.La déréglementation financière des années 1980 s’est traduite par l’internationalisation et le gonflement des mouvements de capitaux. Ces mouvements, qui ont pour origine les anticipations des intervenants privés, confèrent aux taux de change leur caractéristique la plus frappante: l’instabilité. En 1992-1993, période d’intense activité sur le marché des changes, les transactions quotidiennes ont été de quelque quatre-vingts fois supérieures en valeur au montant des exportations mondiales de biens et services, réduisant à peu de chose la capacité d’intervention des autorités monétaires en Europe sur les taux de change.
Encyclopédie Universelle. 2012.